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Prise de position de l’Academy of Breastfeeding Medicine- 2025

Academy of Breastfeeding Medicine



Recommandations pour un allaitement maternel exclusif et prévention de la sous‑alimentation et de la suralimentation chez les nourrissons allaités


Ce document a pour objectif de guider les professionnels de santé pour soutenir un allaitement exclusif, reconnaître les situations où le lait maternel seul ne suffit pas et limiter le recours injustifié aux préparations commerciales.


Contexte et position générale de l'Academy of Breastfeeding Medicine


L’Academy of Breastfeeding Medicine (ABM) rappelle que le lait maternel est l’aliment de référence du nourrisson, apportant une nutrition optimale et de nombreux bénéfices pour la santé de l’enfant et du parent allaitant, notamment en termes de survie et de protection dans les contextes de crises et de catastrophes. La position centrale du document est de recommander l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois, puis la poursuite de l’allaitement avec des aliments complémentaires appropriés jusqu’à au moins 2 ans, voire au-delà selon le souhait de la famille. Cette recommandation repose sur des données montrant que les bénéfices de l’allaitement sont proportionnels à la quantité de lait maternel reçu et à la durée de l’allaitement.


Définition et enjeux de l’allaitement exclusif

L’allaitement exclusif est défini comme l’apport de lait maternel uniquement (de préférence au sein directement), sans autre nourriture ni boisson, à l’exception de médicaments, vitamines ou minéraux. Le document souligne que cette pratique est associée aux meilleurs résultats de santé pour le nourrisson et la personne allaitante, et qu’elle favorise une durée d’allaitement plus longue qu’en cas d’alimentation au lait maternel tiré.

L’ABM précise qu’en règle générale, la supplémentation en autres aliments avant 6 mois pour des motifs comme la prévention des allergies ou l’amélioration du statut en fer n’est pas justifiée chez le nourrisson sain. Néanmoins, l’organisation reconnaît l’existence de situations cliniques où le lait maternel seul ou l’allaitement direct ne suffisent pas, mais insiste sur le fait que la plupart des usages de préparations commerciales ne reposent pas sur de vraies indications médicales.


Rôle et hiérarchie de la supplémentation

Pour les rares cas où une supplémentation est nécessaire (apports insuffisants, transfert de lait inadapté, contraintes médicales), l’ABM fixe un ordre de préférence: lait de la mère exprimé, lait de donneuse, puis seulement en dernier recours préparation commerciale de lait industriel. Le volume de supplémentation doit être ajusté aux besoins estimés du nourrisson en tenant compte de l’âge, de l’âge gestationnel et du mode d’accouchement, afin d’éviter la suralimentation.

Le texte insiste sur le fait que l’introduction de compléments doit toujours s’accompagner d’une évaluation et d’un soutien de la lactation, avec pour objectif de revenir dès que possible à allaitement exclusif. La supplémentation est présentée comme un outil transitoire à manier avec prudence, car elle peut perturber la relation physiologique « offre‑demande » qui règle la lactation.


Prévention de la sous-alimentation

L’ABM rappelle que la phase initiale après la naissance est une période de grande vulnérabilité pour l’allaitement exclusif, surtout si les pratiques de naissance ne respectent pas les « Dix étapes pour un allaitement réussi » de l’OMS. Pour prévenir la sous‑alimentation, elle recommande une surveillance étroite de tous les nouveau‑nés: fréquence des tétées, mictions et selles, courbe de poids, ainsi qu’une aide active pour initier et maintenir une bonne mise au sein (position, prise, confort).

Le document liste des facteurs de risque de faible production de lait ou d’apport insuffisant: antécédents de chirurgie mammaire, infertilité, maladies métaboliques comme l’insulinorésistance, le syndrome des ovaires polykystiques, l’hypothyroïdie ou le diabète, l’hypertension, âge maternel avancé, prématurité tardive ou naissance à terme précoce, et ankyloglossie chez l’enfant. Chez ces dyades à risque, une surveillance renforcée des douleurs aux mamelons, du transfert de lait et de la croissance du nourrisson est vivement recommandée


Signes d’alerte et compétences des soignants


L’ABM identifie plusieurs signaux qui doivent alerter sur une possible sous‑alimentation au cours des premiers jours: perte de poids excessive, absence de reprise de poids, peu de couches mouillées ou souillées, comportement léthargique, ou au contraire grande agitation liée à la faim. Les professionnels doivent être formés à l’observation directe d’une tétée pour évaluer son efficacité.

Le texte évoque également l’usage précoce des tire‑lait, qui peut signifier un souci perçu de production ou de transfert de lait, ou un problème de mise au sein douloureuse, et qui doit inciter à une évaluation clinique plutôt qu’à une simple augmentation des compléments. L’idée centrale est de chercher en priorité à résoudre les difficultés d’allaitement (mise au sein, gestion de la douleur, soutien à la mère) avant de conclure à la nécessité d’une supplémentation durable.


Suralimentation et supplémentation non nécessaire

À l’opposé, le document insiste sur la fréquence de la suralimentation liée à une supplémentation injustifiée, particulièrement via les laits industriels. Selon l’ABM, cette sur-supplémentation découle souvent d’une interprétation erronée des comportements normaux du nouveau‑né (pleurs, réveils fréquents, demande de tétées rapprochées) et d’un manque de soutien qualifié en allaitement.


Une utilisation excessive de préparations commerciales perturbe le système physiologique de régulation de la lactation, expose au risque de sevrage précoce et augmente la probabilité de surpoids et d’obésité plus tard dans l’enfance. Le texte rappelle que l’offre de lait artificiel sans indication médicale figure parmi les raisons les plus courantes pour lesquelles les mères n’atteignent pas leurs objectifs d’allaitement exclusif


Maximiser le lait maternel et respecter l’autonomie

L’ABM souligne que tous les efforts doivent viser à maximiser la part de lait maternel dans l’alimentation de l’enfant, même lorsque l’allaitement exclusif n’est pas possible ou pas désiré. Cela implique de soutenir aussi les familles qui optent pour une alimentation mixte, afin d’augmenter la proportion d’enfants recevant au moins une partie de leurs apports sous forme de lait maternel.

Le texte insiste sur le respect de l’autonomie des familles, dans leur contexte réel: niveau d’information prénatale, contraintes socio‑économiques, normes culturelles, expériences antérieures et capacité d’accès au soutien en allaitement. Les recommandations doivent donc être adaptées et centrées sur la famille, en visant à informer et accompagner plutôt qu’imposer des choix.


Rôle des pratiques hospitalières et du marketing


L’ABM plaide pour la mise en œuvre de pratiques de naissance et de maternité alignées sur les recommandations de l’OMS, comme le contact peau à peau précoce, la cohabitation mère‑enfant 24h/24 et l’absence de distribution gratuite de préparations commerciales. Ces pratiques favorisent l’initiation de l’allaitement, limitent le recours inutile aux compléments et renforcent la confiance des parents dans leurs capacités à allaiter.

Le document appelle également à l’application stricte du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, afin de protéger les familles et les soignants de stratégies marketing agressives qui banalisent ou encouragent l’usage injustifié des laits industriels. En réduisant l’influence de cette industrie, on crée des environnements de soins plus propices au soutien de l’allaitement exclusif.


Conclusion de la prise de position


En résumé, cette déclaration positionne l’allaitement exclusif comme norme recommandée pour les 6 premiers mois, tout en proposant un cadre précis pour dépister et prévenir la sous‑alimentation et la suralimentation. Elle met l’accent sur la compétence des soignants, le soutien organisationnel (pratiques hospitalières, politiques publiques), la limitation des compléments non nécessaires et le respect des choix familiaux, avec pour finalité une augmentation du nombre de nourrissons bénéficiant d’un apport maximal en lait humain dans des conditions de sécurité et de respect.


Feldman-Winter L, Ware J, Schreck P, Kellams A, Rosen-Carole C, Rouw E. ABM Position Statement: Recommendation for Exclusive Breastfeeding: Avoidance of Underfeeding and Overfeeding (October 2024). Breastfeeding Medicine. 2025;20(2):81-84. doi:10.1089/bfm.2024.85389.bess

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