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Allaitement et PMA : impact de la lactation sur les traitements de l'infertilité 

Dernière mise à jour : 31 oct.

microscope et pipette
Crédit photo-Wix


Même si l’allaitement maternel procure une contraception les premiers mois, il arrive que des mères tombent enceinte lors de l’allaitement, et parfois même s’orientent vers un co-allaitement pour le deuxième enfant. Allaiter et être enceinte est une situation relativement courante, notamment dans les pays à bas revenus où les moyens de contraception sont moins facilement disponibles.

L'envie d'agrandir sa famille tout en continuant à allaiter son enfant est un désir légitime pour de nombreuses femmes ayant recours à la PMA. Mais cela pose de nombreuses questions. Cet article explore les interactions entre l'allaitement et les traitements de fertilité.


Allaitement et PMA. Allaiter après la PMA, une revanche sur le corps

De nombreuses mères ayant obtenu leur grossesse après un parcours de procréation médicalement assistée décident d’allaiter leur enfant. C’est parfois même un désir extrêmement présent pour elles: là où leur corps a échoué à procréer, il doit réussir à nourrir l’enfant, comme en témoignent de nombreuses mères lors d’une étude sur les échecs d’allaitement par Amy Brown (1).


Pour les femmes allaitantes désireuses d'avoir un autre enfant, la PMA va rapidement s’imposer à nouveau, peut-être même alors que bébé n’est pas sevré.

 

Une revue de la littérature sur ce thème (2) indique qu’il ne semble pas y avoir de données épidémiologiques sur le nombre de femmes ayant recours à la pma en allaitant, mais que ce n’est pas un phénomène rare. Les mères ayant suivi un parcours de PMA sont conscientes des délais pour obtenir une grossesse et ne souhaitent en général pas attendre, et sont en général très investies dans leur parentalité. 


Dans beaucoup de cas, les mères rapportent que les équipes de PMA leur ont imposé de sevrer leur enfant

Alors, le sevrage est-il vraiment obligatoire?


Les raisons pour envisager un sevrage

Très souvent, les professionnels de santé indiquent aux mères qu’un sevrage est obligatoire:

  • pour maximiser les chances des traitements 

  • pour éviter de potentiels effets indésirables des traitements sur l’enfant allaité.

  • pour éviter un impact possible sur la lactation (et donc sur croissance de l’enfant si il n’est pas diversifié)

Mais ce sevrage n’est pas une évidence, aussi bien pour la mère que pour l’enfant: L’allaitement, au-delà de la nutrition, a des bénéfices immunologiques prouvés les premières années, et des bénéfices émotionnels: il s’agit d’un mode de maternage et d’attachement.


  1. L’allaitement peut impacter la fertilité.


 En effet comme indiqué dans cet article, l’allaitement a un effet contraceptif. Laugmentation de Prolactine induite par la succion lors de l’allaitement empêche l’ovulation, entraîne une aménorrhée et un effet contraceptif dont la durée varie selon les femmes et leur statut nutritionnel, et selon le nombre de tétées.

Beaucoup de femmes allaitantes n’ont pas de retours de couches tant qu’un certain nombre de tétées reste présent, et il semble que les tétées de nuit soient très importantes. Le nombre de tétées permettant le retour de la fertilité dépend de chaque femme. Aussi si la mère allaitante n’a pas eu de retour de couches, une diminution du nombre de tétées pourra être envisagée.

Après le sevrage complet de l’allaitement, l’ovulation revient en général en 14 à 30 j (2)


  1. impact de l’allaitement sur les traitements


Mais concernant un possible risque d’échec des traitements de fertilité en raison de l’allaitement: il n’y a pas d’études à ce sujet (2,3). Vous trouverez de nombreux témoignages de femmes ayant allaité leur enfant tout en ayant des traitements de fertilité ayant fonctionné (4).

L’association d’allaitement australienne (5) indique “Si vous avez repris une ovulation et des règles régulières tout en continuant à allaiter, le sevrage afin de commencer la FIV n'augmentera peut-être pas vos chances de tomber enceinte.”

Par ailleurs, de nombreuses femmes tombent enceintes chaque année dans le monde alors qu’elles allaitent.


L’article de Dallagiovanna et al (2) envisage les mécanismes théoriques où l’allaitement pourrait impacter négativement un parcours pma et soulèvent les points suivants: 

  • des doutes concernant une implantation et un développement optimaux de l’embryon 

Les taux physiologiques de Prolactine favorisent la fertilité en favorisant le développement de l’embryon, son implantation, et avec des effets immunomodulateurs et sur la steroidogénèse. Mais des taux excessifs de prolactine sont connus pour causer de l’infertilité, en raison d’un hypogonadisme mais aussi en raison de l'altération de la fonction de l'endomètre et l’interférence avec l’implantation de l’embryon . Et en cas d’allaitement, les taux de LH nécessaires pour déclencher l’’ovulation sont plus importants

Les auteurs indiquent :“Dans l'ensemble, les preuves expérimentales disponibles ne sont pas rassurantes et tendent à suggérer certains effets néfastes de l'allaitement et de l'élévation de la prolactine périphérique sur l'axe hypothalamo-hypophysaire et la physiologie ovarienne.”
  • ils envisagent également une possible diminution de l’efficacité des stimulations ovariennes en cas d’allaitement

  • ils mettent en avant l’incertitude concernant l’efficacité d’un transfert d’embryon sur cycle naturel en cas d’allaitement

  • enfin, ils mettent en avant l’effet de l’ocytocine libérée lors de la succion avec un risque d’augmentation de la contractilité utérine, (même si le nombre de récepteurs à oxytocine dans l’utérus est moindre que dans la glande mammaire et diminue fortement en post-partum) pouvant limiter le transfert de l’embryon .


Toutefois un article a été publié en 2025 (6) sur cette problématique. Cette étude visait à évaluer l'effet de l'allaitement maternel sur les résultats de la fécondation in vitro (FIV) et du transfert d'embryons congelés (TEC). Une étude de cohorte rétrospective a été menée dans un centre de fertilité urbain canadien unique, auprès de femmes ayant subi un TEC (2015-2023). Les femmes allaitantes (groupe d'étude) ont été comparées à des femmes non allaitantes, appariées à raison de 1:1 en fonction de l'âge, du protocole de traitement et de l'année. L'allaitement n'apparaissait pas comme un facteur influençant les taux de grossesse, contrairement à l'âge maternel


  1. Possible risque des traitements pour l’enfant allaité 

Il y a une tendance à éviter les traitements hormonaux chez la mère allaitante par crainte que les hormones passent dans le lait maternel et affectent l’enfant. Le transfert dans le lait est montré pour la pilule contraceptive . 

Dans les faits, de nombreux médicaments utilisés lors des traitements de stimulation ovarienne sont compatibles avec l’allaitement maternel, avec un risque considéré comme faible  pour l’enfant allaité (cf tableau). 


  1. Impact des traitements sur la croissance de l’enfant allaité

L’oestradiol inhibe la production de lait. Concernant un possible impact sur la lactation et sur la courbe de poids de l’enfant allaité: certains traitements pourraient diminuer la lactation de manière transitoire mais les effets semblent variables selon les mères. Plus l’enfant sera diversifié et mangera de solides, moins les traitements auront d’impact sur sa courbe de poids.


En conclusion
Dallagiovanna et al (2) indiquent: Les preuves disponibles sont insuffisantes pour refuser l'accès aux traitements de PMA  pour les mères allaitantes.

Chaque famille est unique et la décision de sevrer un premier enfant pour reprendre un parcours PMA devrait être prise en concertation avec les professionnels de santé, mais devrait tenir compte également des bénéfices d’un allaitement prolongé pour le premier enfant et pour la dyade mère-enfant

Dans la réflexion se trouvent également :

  • la durée que peut prendre le sevrage d'un bambin (qui donne en général son avis négatif sur la question!!)

  • la fatigue des traitements de fertilité alors que l'on s'occupe d'un enfant en bas âge qui demande beaucoup de présence et de proximité. Dans ce cas le sevrage permet de passer le relais.


Exemples de traitements utilisés lors d’une Fécondation In Vitro  et de compatibilité avec l’allaitement maternel



Phase de traitement

nom du médicament-du principe actif

remarque

Risque en cas d’allaitement? 

phase de blocage

Décapeptyl® triptoreline ampoule injectable en sous-cutanée

analogue agoniste du GnRH

a un poids moleculaire élevé et n’est pas sécrété dans le lait maternel, et est détruit par l’acide gastrique de l’estomac de l’enfant.

phase de stimulation

Gonal-f® ou Puregon® (FSH recombinante)sous forme d’ampoules injectables par voie sous-cutanée- Follitropin

a un poids moleculaire élevé et n’est pas sécrété dans le lait maternel, et est détruit par l’acide gastrique de l’estomac de l’enfant

Faible

Protocole antagoniste

Cétrotide® (antagonistes du GnRH)

a un poids moleculaire élevé et n’est pas sécrété dans le lait maternel, et est détruit par l’acide gastrique de l’estomac de l’enfant

déclenchement de l’ovulation 

Ovitrelle® 500mg (hCG recombinante) en injection sous-cutanée. 


en raison de son poids moléculaire il est improbable qu’il apparaisse dans le lait en grande quantité

Improbable  qu’il y ait une absorption orale


Pour aller plus loin, n'hésitez pas à consulter ces ressources : Bases de données médicamenteuses:  Le crat et e-lactation


Bibliographie 
  1. Elise Armoiry, Présentation de l’ouvrage d’Amy Brown 

  2. Dallagiovanna C, Di Stefano G, Reschini M, Invernici D, Comana S, Somigliana E. Re-embarking in ART while still breastfeeding: an unresolved question. Arch Gynecol Obstet. 2025 Feb;311(2):555-565. doi: 10.1007/s00404-025-07933-8. Epub 2025 Jan 20. PMID: 39828777; PMCID: PMC11890365.

  3. Blog Lactapp

  4. Groupe de mères anglaises qui ont créé des fiches médicaments avec le dr Wendy Jones, pharmacien 

  5. Association australienne d’allaitement 

  6. Hochberg A, Kugelman N, Amikam U, Bleau V, Shochat T, Suarthana E, Buckett W. The effect of breastfeeding on treatment outcomes in in-vitro fertilization frozen embryo transfer cycles. J Assist Reprod Genet. 2025 Aug;42(8):2747-2754. doi: 10.1007/s10815-025-03556-9. Epub 2025 Jun 20. PMID: 40540121; PMCID: PMC12422992.


Disclaimer : Cet article a pour but de fournir des informations générales et ne se substitue en aucun cas à un avis médical. Il est essentiel de consulter un professionnel de santé pour toute question relative à votre situation personnelle.

Mots-clés : infertilité, PMA, allaitement, lactation, traitement hormonal, FIV, fertilité, grossesse, mère allaitante, transfert d'embryon congelé, TEC, Fécondation in vitro, stimulation ovarienne


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